L'HELIOCHROMIE à la mode algéroise

La Casbah d'Alger. Phototypie (Archives du 47)
La Casbah d'Alger. Phototypie (Archives du 47)

   En avril 1884, Louis Ducos du Hauron arrive en Algérie. Il se réinstalle donc, une fois de plus, chez son frère... Leur maison est « comme un donjon qui domine tout Alger. De nos fenêtres, nous planons sur la mer et sur d'immenses contrées verdoyantes. C'est enchanteur. » De plus, « la Casbah d'Alger est à deux pas » et Louis va s'empresser de photographier tout cela. Il réaménage un laboratoire et expédie ses clichés à Toulouse.

La triple chambre de Trinquier : inutilisable

   Nous avons retrouvé diverses épreuves et divers monochromes de cette époque : la Casbah, les falaises, les jardins et palmiers, Notre Dame d'Afrique... etc. Malgré les rapports tendus avec son atelier, ses tirages sont remarquables. Avec le menuisier Trinquier, Louis va se lancer dans la construction d'une nouvelle chambre triple de grand format. Quelle aventure ! Elle se terminera au tribunal, car le délai de livraison de l'appareil sera dépassé de plus d'un an, et que son prix aura triplé. Et quel gâchis ! Son encombrement le rend pratiquement inutilisable. « Cette chambre est un leurre », nous dit Alcide. Surtout qu'entre-temps, Louis a changé d'avis et préfère utiliser une chambre classique de petit format, mais en procédant, lui-même, à l'agrandissement des clichés. En fait, il navigue plutôt à vue, guidé par l'expérimentation des diverses techniques et des divers processus qu'il a imaginés.

   Dans sa « Triplice » de 1897, il nous présente d'ailleurs les cinq procédés, et les matériels correspondant, qu'il a utilisés pour parvenir à ses fins... ainsi qu'un sixième qu'il réserve pour l'avenir et dont nous reparlerons (voir PDF correspondant).

Les monochromes de cette période, que possède les Archives du 47, sont clairement en CMJ (cyan, Magenta et jaune). Nous ne savons pas avec quel type de chambre il a réalisé ces clichés... mais après ses déboires avec la triple chambre Trinquier, il nous dit revenir à un appareil classique muni d'un jeu de 3 filtres.

Louis Ducos du Hauron se fait imprimeur

Alger, quartier Saint-Eugène. (Archives du 47)
Alger, quartier Saint-Eugène. (Archives du 47)

   Louis Ducos semble s'être bien adapté à sa nouvelle vie. Il donne des cours de piano et des concerts, rencontre du monde, recherche mécènes et imprimeurs. Car en juillet 1885, son atelier toulousain est détruit par un incendie. Que faire ? Il cherche à collaborer avec le phototypiste Leroux d'Alger, puis avec un certain Leipold de Lisbonne. Il essaie de nouvelles plaques Lumière. Elle sont remarquables ; il ne faut plus que quelques secondes de pose, et il peut donc décemment envisager le portrait.

   Fin des années 1880, il décide de s'initier à la phototypie... qu'il faut adapter aux températures élevées du climat algérien (à cause de la gélatine) ou se résoudre à ne travailler qu'en hiver. En 1889, le successeur de Quinsac ne répond plus. C'en est trop ! Louis Ducos se fera imprimeur. On lui livre une presse en décembre 90 et, très vite, il maîtrise l'outil, produit de nombreuses images et fait même avancer la technique de la photoglyptie.

Les honneurs de l'Académie

Gabriel Lippmann, prix Nobel en 1908, et notre inventeur LDH, photographié à peu près à cette époque.
Gabriel Lippmann, prix Nobel en 1908, et notre inventeur LDH, photographié à peu près à cette époque.

   1891 est une année faste. La qualité de son travail est appréciée à l'Académie des Sciences et il reçoit l'appui de l'illustre physicien Gabriel Lippmann, futur prix Nobel. La presse nationale lui consacre des articles élogieux qui lui valent une avalanche de courriers... auxquels les deux frères Ducos répondent en joignant les épreuves couleurs réclamées.

   Le comte de Chaudordy leur promet de leur présenter des « capitalistes » afin d'exploiter industriellement les brevets d'inventions. Ils font confiance... ne cherchent pas ailleurs et attendent... attendent... et attendent encore. Une fois de plus, si près du but, ils ont raté le coche.

   Alcide est désespéré. Louis ? On ne sait pas trop, car il a déjà d'autres idées en tête.

 


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LDH imprimeur : l'héliochromie à la mode algéroise
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