Retraite agenaise de DUCOS DU HAURON ... et hommages posthumes

     Revu en avril 2020, ce chapitre vous offre désormais un développement particulièrement riche dans le PDF à télécharger (voir en bas de page). Reste à écrire l'histoire récente avec les éléments que devraient nous fournir la commémoration du centenaire de sa mort, en septembre 2020... ou 2021...

Jours de gloire et adieux parisiens

 

    Depuis une quinzaine d'années, de nombreux témoignages de reconnaissance mettent du baume au cœur de notre inventeur. Reçu et honoré à la Société française de Photographie (SFP), à l'Académie des Sciences ou dans les grandes expositions internationales, la vie de Louis Ducos du Hauron est, malgré son âge, plus active que jamais.

     En 1912, on lui remet la Légion d'honneur et, en mars 1914, tout ce que Paris compte de personnalités dans le monde de la photographie lui rend, à la SFP, un hommage grandiose. L'historien Georges Potonniée fait son éloge, et le professeur Wallon, par quelques expériences démonstratives, explique ses découvertes à toute l'assemblée.

     En août 1914, à la déclaration de guerre, il quitte Savigny-sur-Orge avec sa belle-sœur (Marie-Césarine, la veuve d'Alcide) qui l'accueille dans la propriété familiale des de Fourcauld, au Temple-sur-Lot, en Lot-et-Garonne.

     Lorsque nous avons illustré cet article avec la photo ci-dessous, nous n'avions pas les informations qui suivent.

1 - Comme nous ne trouvions pas dans l'acte de mariage d'Alcide l'adresse exacte de l'épouse, nous avons enquêté. Et nous avons retrouvé des témoins qui se souviennent qu'un certain de Fourcauld, ancien propriétaire de la Commanderie, était venu (dans les années 80) assister à l'inauguration des travaux de restauration. Il est donc possible que c'est dans ce bâtiment que Louis Ducos trouva refuge en 1914.

2 - Mais des recherches généalogiques récentes nous apprennent (Revue de l'Agenais) que la propriété agricole des de Fourcauld se situait au lieu-dit Lembrun, à proximité du village du Temple... et que c'est là que résidait Louis Ducos.

 

La Commanderie du Temple... sans les "nymphéas" de Monet. Ducos du Hauron en 1878, comme Latour-Marliac en 1889, participeront à l'Exposition Universelle de Paris. Se sont-ils connus ?
La Commanderie du Temple... sans les "nymphéas" de Monet. Ducos du Hauron en 1878, comme Latour-Marliac en 1889, participeront à l'Exposition Universelle de Paris. Se sont-ils connus ?

A Agen, pour le tirer de l'oubli : une statue ?

Photo montage sur la base de la statue de Niépce à Chalon, et sur fond de Musée d'Agen. On peut toujours rêver...
Photo montage sur la base de la statue de Niépce à Chalon, et sur fond de Musée d'Agen. On peut toujours rêver...

     Mais depuis le temps, à Agen, sa ville de cœur qu'il avait quittée en 1884, il est complètement oublié... ou presque.

     Il y a bien quelques connaisseurs comme à la Société d’excursionnistes et de photographes agenais qui interviennent auprès de la municipalité pour qu'un hommage lui soit rendu "de son vivant". Ils réclament qu'une rue d'Agen porte son nom, ils organisent, à la Mairie, un concours photo avec un prix Ducos du Hauron pour la couleur et signalent que Photo-Revue a lancé une souscription nationale afin de lui ériger une statue - à Agen !

     De la statue, on n'en reparlera plus, mais la rue sera baptisée en 1912 puis, quelques année plus tard, on lui dédiera une salle au Musée.

     Donc, en 1914, Louis Ducos arrive en Lot-et-Garonne. Son retour n'émeut pas grand monde. D'accord, on est en guerre... mais chez les anciens... Seul son ami Joseph Lacroix témoigne et dit son bonheur de le retrouver. C'est lui qui nous explique qu'il ne viendra habiter Agen qu'en 1920 (suite au décès d'un parent). Il logera alors dans la maison que nous connaissons dans le quartier de la Préfecture et c'est là qu'il décédera, le 31 août 1920. A ce moment là, il est complètement oublié de tous. Lacroix nous dira qu'ils n'étaient que cinq à son enterrement.

LDH : "un savant mort dans la misère" ?

Extérieur et intérieur de la maison de la rue Lamouroux, encadrant un des tout-derniers portraits de Ducos (origine inconnue) dont le musée d'Agen possède un tirage.
Extérieur et intérieur de la maison de la rue Lamouroux, encadrant un des tout-derniers portraits de Ducos (origine inconnue) dont le musée d'Agen possède un tirage.

      Lors de ces deux dernières décennies, Louis Ducos avait gagné en notoriété. Mais à chaque fois, les médias mettaient l'accent sur ses problèmes financiers, sa malchance et son dénuement. Certes, il n'a jamais fait fortune avec ses découvertes mais, aidé par son frère et quelques généreux amis, ça lui suffisait, et c'est avec beaucoup de philosophie qu'il a toujours encaissé les mauvais coup du sort. Mais de là à le faire mourir dans la misère : c'était exagéré.

     Pourtant, la plupart des journaux nationaux ou locaux qui ont annoncé son décès ne se sont pas privé. Le Petit Parisien : "Le savant Louis Ducos du Hauron, qui bénéficiait d'une réputation mondiale, meurt dans la misère". Ciné-Journal : "N'a-t-il pas fallu que la mort atteigne dernièrement Ducos du Hauron, pour apprendre au public, et même aux officiels, le nom de cet inventeur de qui la vie n'aura été que souffrance et malheur".

     Quels étaient ses revenus ? Le PDF à télécharger en donne une petite idée. Ce qui est sûr, c'est qu'il est mort comme il a vécu... toujours dans le besoin.

Un journal local et un magazine national publient une nécrologie concernant Louis Ducos. Au centre, un portrait de Lacroix à l'âge qu'il pouvait avoir en 1920.
Un journal local et un magazine national publient une nécrologie concernant Louis Ducos. Au centre, un portrait de Lacroix à l'âge qu'il pouvait avoir en 1920.

Hommages posthumes en 39, 48, 69...

En 48, Alexis Pain, maire d'Agen, pendant son discours. (Archives municipales)
En 48, Alexis Pain, maire d'Agen, pendant son discours. (Archives municipales)

  Il est bon de saisir toutes les opportunités qui nous permettent de nous replonger dans l'histoire de la photographie et de reparler du rôle éminent joué par Louis Ducos du Hauron. Nous croyons savoir que ce fut le cas à l'occasion du centenaire de la photographie en 1939 (oui, tous les lauriers avaient été attribués à Daguerre, 1839). Et une exposition LDH avait eu lieu au musée d'Agen.

     Après la guerre, en 1948, un vrai hommage agenais fut enfin organisé, avec cérémonie au cimetière et pose d'une plaque sur la maison où notre homme était décédé. Beau discours du maire, Alexis Pain, devant un magnifique portrait déroulé. Nous avons la photo (ci-contre) et nous avons le discours.

     En 1951, la ville de Savigny-sur-Orge fit de même, mais c'est en 1969 pour le centenaire de la photo-couleur que LDH eut droit à une rétrospective d'envergure nationale (SFP, CN Arts-et-Métiers, Institut Lumière). Il faut espérer que l'on sera capable de réunir la même collection à l'occasion du centenaire de 2020.

     Depuis, rien de bien significatif, si ce n'est dans les années 80, la création, à Langon, d'une association nommée "Les Amis de Louis Ducos du Hauron" par un certain Jacques Poitrat, qui a également réalisé un film pour FR3 "Itinéraire aquitain de Ducos du Hauron".

     A Agen en 1976, le maire de la ville a eu la bonne idée de baptiser un collège du nom de notre inventeur. Ce qui fait que les Agenais connaissent au moins le nom. Enfin, en 2016, s'est recréée dans notre ville une autre association "Les Amis de LDH" (dans l'ignorance de la première qui avait disparue). C'est elle qui doit gérer les manifestations du Centenaire, au premier rang desquelles figurent un colloque international et la réouverture d'une salle au Musée. La date arrêtée est celle du 12 septembre 2020... si toutefois la pandémie qui perturbe la marche du monde arrive à être maîtrisée.

     Dans le même esprit de mise à niveau historique et de partage des connaissances, le site sur lequel vous êtes participe naturellement à l'effort général... tout comme le film "LDH : la photo prend des couleurs" qui en est le volet grand-public.

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Adieux parisiens, retraite agenaise, hommages posthumes
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Courriers LACROIX, Alice DUCOS
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Discours Alexis PAIN
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